En 2052, la course à la rentabilité et à la production de masse dans l’agriculture avait atteint des sommets insoupçonnés. Des conglomérats agrochimiques, détenteurs de brevets sur des semences génétiquement modifiées, dominaient l’économie agricole mondiale. Ces semences OGM promettaient des rendements incroyables, résistant à tout, des parasites aux conditions climatiques extrêmes.
Les engrais, eux aussi devenus ultra-performants, garantissaient des récoltes abondantes saison après saison. Les agriculteurs, soucieux de ne pas être laissés pour compte dans cette révolution agricole, se lièrent les mains en signant des contrats exclusifs avec ces géants de l’agrochimie. Le marché était clair : en échange de ces semences miraculeuses et de ces engrais innovants, ils ne pouvaient cultiver que ces variétés brevetées, et devaient acheter chaque année de nouvelles graines, car elles étaient stériles après une seule génération.
Pendant un temps, le monde se réjouit. Les famines semblaient reléguées au rang de mauvais souvenir. Cependant, la monoculture rendit les sols appauvris et dépendants de ces engrais toujours plus puissants. Pire, l’hyperproduction conduisit à des excédents, qui étaient souvent détruits pour maintenir des prix élevés, un gaspillage écologique et éthique monumental.
Puis vint la vague. Les premiers signes étaient subtils : une hausse inexpliquée des cancers dans certaines régions, des troubles digestifs récurrents chez d’autres. Les scientifiques indépendants sonnèrent l’alarme, établissant un lien entre ces affections et la consommation régulière de ces légumes OGM. Mais leur voix fut étouffée par une machine de relations publiques bien huilée et par des lobbies puissants.
La réalité rattrapa cependant ces dénégations lorsque des études cliniques majeures révélèrent que ces légumes, conjugués aux résidus d’engrais, avaient un effet dévastateur à long terme sur l’ADN humain. C’était le début d’une épidémie mondiale. Les hôpitaux étaient débordés, et le nombre de victimes augmentait de façon exponentielle.
L’économie mondiale s’effondra. Les conglomérats, autrefois tout-puissants, furent la cible de la colère populaire. Les gouvernements, ayant longtemps fermé les yeux, furent renversés les uns après les autres. Mais le mal était fait. Les terres arables étaient polluées, les réserves de graines naturelles presque épuisées et l’humanité, fragilisée par les maladies, peinait à se relever.
Dans les ruines d’une ancienne bibliothèque, un enfant trouva un vieux livre sur l’agriculture traditionnelle. La couverture représentait une terre fertile avec le simple titre : « La Nature, notre guide ». Et à ce moment-là, une idée germa dans son esprit : peut-être que le futur de l’humanité reposait sur le savoir du passé.