À l’aube du 22ème siècle, un nouveau messie fit son apparition, non pas sur Terre, mais dans le cosmos. Visible de partout à travers un phénomène inexpliqué, une figure lumineuse, baptisée le « Christ Cosmique », était apparue à l’horizon, diffusant un message de paix, d’amour et d’unité. Les humains, après des siècles de guerres, de désastres écologiques et de quêtes spirituelles vaines, y virent un signe divin. Une nouvelle ère de dévotion commença.
L’intensité de la foi que les humains placèrent en cette entité dépassait tout ce qu’on avait connu. Des églises se formèrent autour de la vénération du Christ Cosmique. Les gouvernements, les institutions et même la culture populaire s’alignèrent autour de ce culte. Les gens passaient des heures à contempler le ciel, priant et cherchant la communion avec cette figure céleste.
Mais avec cette dévotion absolue vint une dépendance. L’humanité avait délaissé toute forme d’indépendance intellectuelle et émotionnelle, préférant chercher des réponses dans le vide sidéral plutôt qu’en elle-même. Les fondements mêmes de la société s’effritèrent. La recherche scientifique s’arrêta. Les arts perdirent toute originalité, ne représentant que des variations du Christ Cosmique. Les individus ne discutaient plus, ne débattaient plus ; ils récitaient simplement des mantras dédiés à cette figure lointaine.
Des années passèrent, et l’obsession de l’humanité pour le Christ Cosmique prit un tour sinistre. Ceux qui osaient remettre en question sa divinité étaient persécutés, voire éliminés. Les ressources de la planète étaient gaspillées dans d’immenses monuments et des rituels grandioses en son honneur. Les forêts furent rasées, les océans vidés, tout cela pour alimenter la ferveur insatiable de l’humanité.
Puis, un jour, aussi mystérieusement qu’il était apparu, le Christ Cosmique disparut. Le ciel redevint silencieux, inerte.
Les humains, ayant perdu leur boussole, sombrèrent dans le chaos. Sans guide, sans foi, sans repères, la société s’effondra. Les villes furent abandonnées, les technologies oubliées. L’humanité, autrefois si fière et si avancée, se retrouva à errer dans un monde désolé, cherchant un sens qui n’était plus.
Des décennies plus tard, sur les ruines d’une ancienne cité, un enfant trouva un livre. Il parlait d’une époque où les humains vénéraient une figure divine, non pas dans le ciel, mais en eux-mêmes. Où la foi n’était pas aveugle, mais une quête personnelle.
L’enfant lut le livre à voix haute, à un groupe hétéroclite d’anciens et de jeunes. Dans leurs yeux, il n’y avait pas d’espoir de retrouver la gloire perdue, seulement la douleur d’une leçon apprise trop tard : la foi véritable ne se trouve pas dans les étoiles, mais dans le cœur de chaque être humain. Et quand on perd cela, on perd tout.