Au début des années 2020, LinkedIn était perçu comme l’outil ultime pour le réseautage professionnel. Il promettait des opportunités sans précédent, des connexions à l’échelle mondiale, et un accès facilité au marché du travail. Mais ce que personne n’avait anticipé, c’était la façon dont il transformerait radicalement la nature même du monde professionnel.
À mesure que la plateforme gagnait en popularité, la course aux connexions et aux recommandations devint frénétique. La valeur d’un individu ne reposait plus sur son expérience réelle ou ses compétences, mais sur le nombre de connexions, de likes, et d’endorsements qu’il pouvait afficher sur son profil. L’authenticité fut sacrifiée sur l’autel de l’apparence.
Les entretiens d’embauche traditionnels devinrent obsolètes. Les recruteurs, sous la pression constante d’embaucher les candidats les plus « branchés », se mirent à évaluer les postulants uniquement sur la base de leurs profils LinkedIn. Les diplômes, les expériences et les compétences véritables furent relégués au second plan, remplacés par la superficialité des réseaux.
Cette obsession de la visibilité en ligne engendra une concurrence malsaine. Les professionnels passaient des heures chaque jour à peaufiner leurs profils, à partager des articles qu’ils n’avaient même pas lus, et à courtiser des « influenceurs » dans l’espoir d’obtenir une précieuse recommandation. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée fut complètement bouleversé.
Les entreprises, à leur tour, furent prises au piège de cette spirale. Elles commencèrent à évaluer leurs propres succès non pas en termes de chiffre d’affaires ou de satisfaction client, mais en fonction de leur visibilité sur LinkedIn. Les décisions d’affaires cruciales étaient prises sur la base de tendances éphémères plutôt que de recherches et d’analyses solides.
Au fil des années, le monde professionnel s’effondra sous le poids de sa propre vanité. Les entreprises, autrefois prospères, firent faillite les unes après les autres, incapables de s’adapter à une réalité qu’elles avaient elles-mêmes créée. Le taux de chômage atteignit des sommets, et une génération entière de professionnels se retrouva perdue, sans repères, dans un monde où les apparences comptaient plus que la substance.
Les années qui suivirent virent une montée en puissance des collectifs et des coopératives, cherchant à restaurer une certaine authenticité et intégrité dans le monde du travail. Mais le mal était fait. Une plaque commémorative fut érigée à l’endroit où se trouvait autrefois le siège social de LinkedIn, portant l’inscription : « Ici reposent les restes d’un monde professionnel qui oublia sa vraie mission. »