Dans un monde où la méfiance et les manipulations étaient devenues monnaie courante, 2020 marqua le début d’une ère nouvelle. La machination de l’Ordre des Ombres avait fonctionné mieux que prévu. L’Opération Mirage, comme elle fut nommée en interne, réussit à enfermer les citoyens chez eux, les yeux rivés sur leurs écrans, assoiffés d’informations, de directives et de nouvelles.
Avec la majorité de la population mondiale confinée et hypnotisée par les médias, l’Ordre passa à la phase suivante de son plan : la mise en œuvre de lois qui, autrefois, auraient soulevé des révoltes. Surveillance accrue, censure des réseaux sociaux, contrôle total des moyens de communication.
Ceux qui osaient parler étaient réduits au silence. Les rares journalistes d’investigation qui avaient découvert la vérité furent discrédités, ou pire, disparurent sans laisser de trace. Les murmures de la résistance furent rapidement étouffés.
Les années passèrent, et la nouvelle norme s’installa. Les citoyens étaient devenus dociles, leur esprit critique anesthésié par la peur. Les villes, autrefois vibrantes et pleines de vie, étaient maintenant silencieuses, les rues désertées sauf par les drones de surveillance qui patrouillaient en continu.
L’Ordre des Ombres avait réussi. Ils contrôlaient le monde, sa finance, ses ressources et, surtout, son peuple. L’humanité, autrefois fière et indépendante, était devenue un troupeau, mené et manipulé sans même s’en rendre compte.
La dernière scène se déroula dans une école. Une enseignante racontait l’histoire du « grand virus » à une classe d’enfants captivés. Elle montra une vieille photo de gens manifestant, souriants, libres. « C’était avant », dit-elle doucement, « avant que nous réalisions à quel point c’était dangereux de penser par nous-mêmes. »
La dernière phrase, qui glaça le sang de quiconque avait encore un semblant d’esprit critique, résonna dans le silence : « Liberté, à quel prix ? »
